122                MBMOIRES UE PIERRE DE L'ESTOILE.
« Ceût bien été ( se fit une tripière ) > Pour les zélés dans Paris un repas. » Un autre dit : ■ Cen est la fourmilière ■ Que ce Paris ; mais il ne le sçait pas. »
Le jeudi 17 janvier, et le jour ensuivant, messieurs. le gouverneur, le prevost des marchands, les eche­vins , les capitaines de quartier firent la ronde dans tous les remparts de la ville, sur un avis qu'ils avoient reçu d'une entreprise que le Roy, qui étoit aux envi­rons avec ses troupes, devoit fa,ire. Ils postèrent des gardes et des sentinelles dans tous les lieux où il leur parut necessaire; les Seize avertirent tous les bour­geois d'appeller dans leurs maisons le plus grand nom­bre qu'ils pourroient, et d'être armés et allertes, et de faire sonner le toczin à la premiere vûe des ennemis. On envoya des gens Kors la ville pour découvrir si on ne les découvriroit point, et d'en donner avis promp­tement ; mais ils ne virent rien qui peust les allarmer. Au retour de ces envoyés, aucuns disoient que c'étoit une fausse allarme qu'on avoit pris.
Le samedi 19, M. de Belin, gouverneur, fit par précaution terrasser la porte Saint Honoré, et doubler les gardes à toutes les portes, ll ne parut vers les quatre heures du soir que neuf ou dix paysans qui condui-soient des chevaux chargés de farine, lesquels étant arrivés à la porte Saint Honoré demandèrent d'entrer. Ceux qui étoient à la porte leur demandèrent s'ils n'a­voient pas vû les ennemis. Ils répondirent naïvement qu'ils n'avoient apperçû que quelques hommes à che­val, qu'ils avoient évités en se cachant, craignant qu'ils ne voulussent leur prendre la farine qu'ils portoient vendre à Paris. Alors les portiers, ne se doutant do
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